Imprimer des organes en 3D à partir de tissus humains, le futur de la médecine ?

 
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Pr. Tal Dvir

Imprimer des organes en 3D à partir de tissus humains, le futur de la médecine ?

Boma France Campfire - 1er juillet 2019

 

La crise des crises cardiaques

50% des personnes qui ont une crise cardiaque grave meurent dans les cinq ans. Nous n'avons pas les outils et les connaissances médicales pour les sauver. Il s'agit d'une crise d'une ampleur sans précédent, une crise qui entraîne des maladies cardiaques à tel point qu’elle est devenue la principale cause de décès dans le monde occidental, tuant plus de personnes que tous les types de cancer réunis.

Malheureusement, les chiffres sont tout aussi catastrophiques dans d'autres régions du monde. En 2008 seulement, 7,3 millions de personnes sont mortes d'une maladie coronarienne dans le monde. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit que ce nombre passera à plus de 8,2 millions d'ici 2030 - à moins que nous agissions maintenant.

Un cœur humain imprimé en 3D ?

Tal Dvir, professeur de médecine à l'Université de Tel Aviv, développe une solution plutôt novatrice à cette crise, sous la forme d'un cœur humain imprimé en 3D, fabriqué à partir de biomatériaux individuels. Lors du Boma France Campfire, il note qu'à l'heure actuelle, une transplantation cardiaque est la seule option pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque grave. Il ajoute que cette option est aussi limitée qu'elle est à risque.

Néanmoins, les donneurs d'organes sont si rares que, en moyenne, 18 Américains meurent chaque jour en attendant une greffe. Des chiffres proportionnels sont également observés dans d'autres pays. Au Royaume-Uni, par exemple, plus de 400 personnes sont mortes l'an dernier en attendant une greffe.

Par conséquent, le fait de pouvoir imprimer en 3D un cœur humain exactement au moment où en a besoin le patient pourrait sauver un certain nombre de vies et, peut-être même un jour, mettre un terme aux listes d'attente. En couplant cette procédure à de nouvelles avancées qui nous permettent d'intégrer les biomatériaux issus d'un patient, nous pourrions réduire considérablement les cas de rejet.


"Comme nous le savons tous, il y a une pénurie de donneurs de cœur, et même lorsque nous parvenons à trouver des donneurs, il y a un risque que le patient rejette le nouveau cœur."

Pr. Tal Dvir
Boma France Campfire 2019

L’imprimante à organes

D'ici 10 ans seulement, il pourrait y avoir des imprimantes d'organes dans les hôpitaux du monde entier. Bien que l'équipe a encore du travail, Tal Dvir indique que la recherche progresse rapidement. Les applications de ce travail vont bien au-delà des maladies cardiaques, ces imprimantes ne se contenteront pas d'imprimer des cœurs.

En incorporant la nano-électronique dans ces conceptions, Tal Dvir déclare qu'il pourrait être possible d'imprégner nos différents tissus et organes de nouvelles capacités. Nous pourrions, par exemple, améliorer notre vision, renforcer nos organes vitaux, optimiser nos processus digestifs ou même optimiser notre cerveau, le tout d'une manière adaptée à notre composition biologique unique. Malgré le fait qu'il reste encore quelques défis à relever, Tal Dvir et son équipe devraient être en mesure d'effectuer les premiers tests sur des animaux en 2021.


"Au laboratoire, nous fabriquons également d'autres tissus, comme des implants de la moelle épinière pour régénérer la moelle épinière blessée et des implants dopaminergiques pour traiter la maladie de Parkinson. Nous avons également conçu une rétine et même un intestin bionique."

Pr. Tal Dvir
Boma France Campfire 2019

La surveillance des données biométriques

Les organes bioniques sont encore considérés comme des choses futuristes, mais Tal Dvir croit vraiment que, dans 50 ans, les gens se promèneront avec différents organes bioniques qui pourront réguler leur état physique et même les doter de capacités accrues. Philippe Marlière, directeur de recherche à l'Institut de biologie systémique et synthétique au Genopole, a pris la parole pour demander ce que ces biotechnologies signifient pour l'avenir de l'humanité, particulièrement concernant la surveillance continue des données biométriques.

Tal Dvir reconnait que, lorsqu'il s'agit de données médicales, la protection de la vie privée et la sécurité sont des préoccupations primordiales. Il souligne que les gouvernements et autres organismes de réglementation doivent être prêts à réagir aux risques associés à ces nouvelles technologies.


"En fin de compte, de tels organes pourraient sauver de nombreuses vies : il appartiendra à chacun de décider s'il veut se faire greffer ou non."

Pr. Tal Dvir
Boma France Campfire 2019

 
 
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